Un manque 
de ressource

Les enseignants, en France, sont confrontés à un manque de ressource pour accueillir les enfants. Ces derniers, sont confrontés à expérience douloureuse, potentiellement traumatique liée à leur parcours migratoire. Arrivée dans une nouvelle école les projette dans une nouvelle culture et une langue étrangère.

Cette année de travail dans le cadre d'un terrain de recherche m'a permis de découvrir la relation possible entre design et pédagogie et d'expérimenter les méthodes de design participatif. En ce sens j'ai mis en place, organisé et animé les ateliers avec les enfants, aux côtés de leur enseignant, pour tester les prototypes de mon projet directement auprès de son public.

Entre design 
et pédagogie 

En concevant des outils pédagogique, le graphisme avait pour fonction de s'adapter aux capacités des enfants de niveau élémentaire (typographie facilitant la lecture, couleurs, taille adaptée à la manipulation...) Ce projet est un peu particulier la manipulation des enfants sur leurs supports ayant un réel avantages pour leurs capacités motrices, leur apprentissage et la sensation de créér quelque chose soi-même, j'ai pensé des activités sur lesquelles les enfants doivent agir. J'ai observé durant les ateliers que les enfants étaient particulièrement attentifs et impliqués durant ces phases de fabrication et qu'ils étaient fiers d'avoir fabriqués leurs supports ce qui facilitait l'appropriation de ces derniers. Je me souviens de Rabab, qui avait ramené le livre du Paysage des émotions chez elle pour le lire à ses parents.

Une problématique d'actualité 

Dans le contexte actuel, les évolutions climatiques et les conflits, les flux migratoires vont tendre à s'intensifier. La crise en Ukraine est un exemple extrêmement contemporain et j'ai eu l'occasion de voir à quel point il est urgent de s'emparer de cette problématique. Dans un collège on m’a demandé d’animer un atelier pour trois enfants ukrainiens tout juste arrivé. L'équipe enseignante m’a confié leurs difficultés à leur apprendre le français et leur adaptation, sans outils adaptés.

À droite, Alina participe à l'atelier Pantin avec son grand frère et sa soeur. Ils ont récemment été accueilli dans un collège à Bénévent-L'Abbaye après avoir fui l'Ukraine.

La multiplication des conflits et les évolutions climatiques entraînent l’intensification des flux migratoires. L’accueil de ces populations est en ce sens une problématique d’urgence nous poussant à agir. Lorsque l’on s’intéresse aux générations futures et aux enfants migrants qui gagnent les bancs des écoles françaises, cette arrivée est souvent complexifiée par un sentiment d’altérité, un parcours difficile et une langue non maîtrisée. Dans une situation où les enseignants sont peu équipés, le designer graphique peut-il participer à faciliter cet accueil et l’adaptation des enfants allophones? En abordant l’apprentissage du lexique des émotions, on se confronte au vécu émotionnel complexe de ces enfants venus d’ailleurs.

C’est dans le cadre d’un terrain de recherche dans une école primaire que ce projet a été co-créé aux côtés d’un enseignant qui se consacre à l’apprentissage du français pour les enfants allophones. Cette collaboration entre design et pédagogie a été explorée pour repenser la conception des outils pédagogiques. Mais alors, comment traduire visuellement le langage complexe des émotions? Comment des dispositifs pédagogiques peuvent-ils permettre aux enfants de comprendre ce qu’ils ressentent tout en apprenant?